Bonjour,
Si j'habite une petite ville bien de la Sambre-Avesnois, ne croyez pas que j'y ai grandi.
Quand j'étais professeure (je suis retraitée), quand les élèves me demandaient d'où je venais et que je disais que je suis née à Roubaix, il me disaient "Mais Madame, il faut un gilet pare-balle pour aller là-bas!"
Inversement, grâce aux journées TER-Vert, la Sambre-Avesnois a mauvaise réputation. A la fac de Lille, une camarade de cours m'a dit : "Ah tu habites là-bas (dans la Sambre-Avesnois), j'y suis allée lors des journées TER-Vert et les gens sont bizarres là-bas!" Evidement si, à Fourmies, elle est tombée sur le fou de service qui harangue les gens devant les cafés et les restaurants qui se trouvent en face du théâtre, ce n'est pas étonnant, mais nous aussi on le trouve bizarre! Et des rodéos il y en avait tous les samedis soirs quand je donnais mes cours d'allemand à la maison de l'Europe dans le même rue. Alors, des préjugés, il y en a des deux côtés.
Bon, pour en revenir aux quartiers de mon enfance, voilà :
-dans La Voix du Nord d'aujourd'hui, édition Sambre-Avesnois, si, si!, on parle en couverture et en page 3 de la ville et des quartiers de mon enfance, et pourtant j'étais une fille bien, moi! Première à l'école maternelle située entre le bas et le haut St Pierre, où l'on apprenait à lire et à écrire dès quatre ans (à deux ans avec maman pour moi), et où on savait faire les multiplications et les divisions simples entre cinq et six ans, dans les années cinquante. Et où l'on faisait des dictées de mots avec des mots comme bonheur et malheur à cinq ans (j''avais oublié les "h").... J'ai été à l'école primaire du même lieu et ma soeur aussi et je suis incollable en orthographe.
- Parmi les quartiers cités dans la Voix du Nord où l'on va renforcer la police parce que - si on comprend bien - ce sont des quartiers "qui craignent", il y a, parmi les quartiers de mon enfance :
- L'Epeule où mon grand-père paternel avait un magasin de photo qu'il a tenu jusqu'à sa retraite vers la fin des années cinquante, rue de l'épeule très exactement. Dans mon enfance, et ensuite dans ma jeunesse que j'ai passée à Croix entre le haut St Pierre et les Ogiers, on allait faire les courses à l'Epeule, surtout pour les vêtements et les chaussures. C'est d'un magasin de l'Epeule que venait ma robe de mariée et d'une bijouterie de l'Epeule que vient mon alliance que je porte encore aujoud'hui. J'ai cherché ces magasins sur Street View de Google, mais ils n'existent plus... les boucheries hallal et les magasins d'informatique ont pris le dessus.
- le Blanc Seau -ma grand-mère paternelle, d'origine flamande, disait le Blanc Sé-eau. Elle habitait au Blanc Seau à Roubaix, enfin, je ne sais pas trop si c'était le Blanc Seau, c'était pas loin de l'église du Capreaux (que je n'ai pas retrouvée sur Street View, - est-ce qu'elle existe encore? -, on y a célébré les funérailles de mes grand-parents paternels) et près de la rue de la Mackellerie (donc quartier de la Mackellerie). Pour aller à pied chez eux, on passait sur la passerelle de l'Allumette, car c'était de l'autre côté de la voie de Chemin de Fer. De toute façon, ma grand-mère parlait souvent du Blanc Seau où elle connaissait sans doute beaucoup de monde. Elle est née à Tourcoing, sans doute au Blanc Seau.
- le Bas-St-Pierre, quand j'étais petite, jusqu'à l'âge de 10 ans, j'habitais dans une rue du quartier de l'Epeule dont le bout, à 5 maisons de chez nous, donnait sur la Bas St Pierre à Croix -la rue perpendiculaire était dans les deux villes à la fois- et j'allais à l'école la plus proche pas loin de l'église St Pierre à Croix. Je traversais le bas St Pierre tous les jours pour aller à l'école, c'était la fille la plus âgée du quartier qui nous conduisait. A sept ans, je faisais les courses pour maman seule dans le quartier, à la boucherie et à la boulangerie en face de la passerelle de l'allumette et à la place St Pierre où j'allais à la pâtisserie, et au magasin d'électricité chercher des piles et des lampes, et je n'ai jamais rencontré, malgré mon angoisse parce qu'on m'avait prévenue comme on fait à tous les petits enfants : "N'accepte pas de bonbons d'un étranger", ... je n'avais jamais rencontré de "méchant monsieur". Je poussais même jusqu'au haut St Pierre, pour aller voir mon répétiteur de piano le jeudi après-midi.
Dans les années 50 tous ces quartiers étaient "classe moyenne", la plupart des mamans étaient au foyer, parfois commerçantes, les papas étaient généralement employés ou ouvriers, on ne connaissait pas de chômeurs, Ces quartiers étaient habités par des gens du Nord, qui avaient pour la plupart des noms flamands, et aussi des gens du midi (on a eu longtemps des voisins de la région de Rodez), des polonais et des italiens. Il y avait aussi des institutrices, ma professeure de piano (dans le bas St Pierre), un accordeur de piano (dans ma rue, quartier de l'Epeule), il y avait aussi des couturières et des repasseuses, ma mère allait avec moi chez une repasseuse dans une courée de l'Epeule et plus âgée chez une couturière dans la bas St Pierre.
Je dois dire que j'ai eu une enfance heureuse dans ces quartiers décriés aujourd'hui. Et en plus la Blanc Seau et la Bas St Pierre sont les premiers nommés par le journal.
Quand j'ai eu 10 ans, on est passé à Croix, entre le Haut St Pierre et les Ogiers...
Il n'y avait pas de dealers ni de drogue dans ces quartiers dans mon enfance où l'on voyait passer le marchand de charbon et le marchand de soupe et aussi le ferrailleur qui criait 'Marchand de chiffons, ferraille à vendre", dans des voitures tirées par des chevaux. On ne parlait même pas de drogue dans ma jeunesse, on n'en avait jamais entendu parler jusqu'à la fin des années 60. Pour nous, dans les années 70, c'était loin, en Amérique ou à Katmandou... on savait que ça existait sur d'autres continents seulement, on le lisait dans les journaux.
Bon, alors, pourquoi on s'attaque toujours à mon enfance, à ma jeunesse (le bloc où j'ai habité jeune mariée dans le Quercitain a été démoli, le collège où j'ai fait mes débuts de professeure certifiée aussi...). Alors je demande instamment au maire de Roubaix : Dans vos rénovations, ne démolissez pas la rue et le quartier de mon enfance...
Il faut faire attention à ce que l'on démolit : On démolit parfois la maison natale de gens célèbres ou de célébrités à venir. Quand on rénove, on ne devrait jamais démolir... Il y a aussi des maisons qui sont belles à l'intérieur, dans la maison de nos voisins du quartier de l'Epeule, jouxtant le bas St Pierre, il y avait des vitraux sur les portes intérieures un peu art nouveau et des jeux de miroirs.
Cordialement à tous et soumis à la discussion -non xénophobe, merci!.
Dominique
Les quartiers de mon enfance mis à l'index!!!!!
-
- Messages : 621
- Enregistré le : 04 août 2011 10:29
- dumontnicole
- VIP
- Messages : 6726
- Enregistré le : 17 avr. 2007 18:14
Re: Les quartiers de mon enfance mis à l'index!!!!!
bonsoir dominique
je suis d accord avec vous quand vous dîtes
"Il faut faire attention à ce que l'on démolit : On démolit parfois la maison natale de gens célèbres ou de célébrités à venir. Quand on rénove, on ne devrait jamais démolir... Il y a aussi des maisons qui sont belles à l'intérieur, dans la maison de nos voisins du quartier de l'Epeule, jouxtant le bas St Pierre, il y avait des vitraux sur les portes intérieures un peu art nouveau et des jeux de miroirs."
malheureusement beaucoup de villes sont dans ce cas
je regrette pour ma part les démolitions faîtes à Lille quand le quartier Kennedy a été érigé,notamment l hôpital Saint Sauveur dont il ne reste presque plus rien
La municipalité prit la décision de faire place nette en engageant un grand programme « dassainissement » : entre 1920 et 1960, la quasi totalité de lhabitat ancien était rasé. Ni la maison natale dAlexandre Desrousseaux, le célèbre auteur du Ptit Quinquin, ni le café de la Vignette, où fut chantée pour la première fois LInternationale, en 1888, nont été épargnés par les destructions.
A la fin des années 1960, on achève de restructurer le quartier Saint-Sauveur. Les dernières vieilles maisons ouvrières laissent place à des immeubles modernes (de logements HLM ou de bureaux) sans cachet architectural particulier
nicole
.
je suis d accord avec vous quand vous dîtes
"Il faut faire attention à ce que l'on démolit : On démolit parfois la maison natale de gens célèbres ou de célébrités à venir. Quand on rénove, on ne devrait jamais démolir... Il y a aussi des maisons qui sont belles à l'intérieur, dans la maison de nos voisins du quartier de l'Epeule, jouxtant le bas St Pierre, il y avait des vitraux sur les portes intérieures un peu art nouveau et des jeux de miroirs."
malheureusement beaucoup de villes sont dans ce cas
je regrette pour ma part les démolitions faîtes à Lille quand le quartier Kennedy a été érigé,notamment l hôpital Saint Sauveur dont il ne reste presque plus rien
La municipalité prit la décision de faire place nette en engageant un grand programme « dassainissement » : entre 1920 et 1960, la quasi totalité de lhabitat ancien était rasé. Ni la maison natale dAlexandre Desrousseaux, le célèbre auteur du Ptit Quinquin, ni le café de la Vignette, où fut chantée pour la première fois LInternationale, en 1888, nont été épargnés par les destructions.
A la fin des années 1960, on achève de restructurer le quartier Saint-Sauveur. Les dernières vieilles maisons ouvrières laissent place à des immeubles modernes (de logements HLM ou de bureaux) sans cachet architectural particulier
nicole
.
Aucun homme n'a reçu de la nature le droit de commander les autres.
Denis Diderot
une mauvaise herbe est une plante dont on n'a pas encore découvert les vertus
Ralph Waldo Emerson
Denis Diderot
une mauvaise herbe est une plante dont on n'a pas encore découvert les vertus
Ralph Waldo Emerson
-
- Messages : 621
- Enregistré le : 04 août 2011 10:29
Re: Les quartiers de mon enfance mis à l'index!!!!!
Bonjour,
Merci beaucoup, Nicole pour cette réponse. C'est vrai que c'est dommage pour le quartier St Sauveur. D'ailleurs, actuellement les bâtiments des années 70 commencent à se délabrer et il aurait certainement été mieux de conserver les anciennes maisons.
Surtout de jour, quand les cafés sont fermés, et que les lumières ne sont pas allumés, du côté de la gare, cela fait lugubre!!
Il faudrait prendre exemple sur l'Allemagne où l'on a gardé beaucoup d'ancien qui semble neuf avec des façades bien repeintes, et des anciens quartiers reconstruits à l'identique après la guerre (par exemple le centre de Münster). A Aulnoye-Aymeries on a démoli beaucoup pour construire le Leclercq près de la gare (anciennes maisons rasées, grands arbres abattus) et même un ensemble architectural des années 70 a été enlevé et pas remplacé, un beau collège avec une grande cour arborée (Picasso) enlevé, on a réussi à sauver la salle Léo Ferré qui avait une acoustique extraordinaire, construite aussi dans les années 70, ils vont la rénover, mais comment? Ils ont démoli aussi des maisons de maîtres avec parc dans la rue principale.
J'ai vu qu'à La Madeleine on a démoli beaucoup de jolies maisons flamandes le long du grand boulevard pour y mettre des résidences modernes, c'est dommage aussi!
Tout cela est fort dommage.
Cordialement.
Dominique
Merci beaucoup, Nicole pour cette réponse. C'est vrai que c'est dommage pour le quartier St Sauveur. D'ailleurs, actuellement les bâtiments des années 70 commencent à se délabrer et il aurait certainement été mieux de conserver les anciennes maisons.
Surtout de jour, quand les cafés sont fermés, et que les lumières ne sont pas allumés, du côté de la gare, cela fait lugubre!!
Il faudrait prendre exemple sur l'Allemagne où l'on a gardé beaucoup d'ancien qui semble neuf avec des façades bien repeintes, et des anciens quartiers reconstruits à l'identique après la guerre (par exemple le centre de Münster). A Aulnoye-Aymeries on a démoli beaucoup pour construire le Leclercq près de la gare (anciennes maisons rasées, grands arbres abattus) et même un ensemble architectural des années 70 a été enlevé et pas remplacé, un beau collège avec une grande cour arborée (Picasso) enlevé, on a réussi à sauver la salle Léo Ferré qui avait une acoustique extraordinaire, construite aussi dans les années 70, ils vont la rénover, mais comment? Ils ont démoli aussi des maisons de maîtres avec parc dans la rue principale.
J'ai vu qu'à La Madeleine on a démoli beaucoup de jolies maisons flamandes le long du grand boulevard pour y mettre des résidences modernes, c'est dommage aussi!
Tout cela est fort dommage.
Cordialement.
Dominique
Qui est en ligne
Utilisateurs parcourant ce forum : erbeo et 67 invités