Messagepar VERDIER Ch. » 19 sept. 2010 18:52
Bonsoir Paul,
Quelques dernières remarques à propos de votre dernier message:
« avus prolis » : mille excuses ! Je me suis laissé abuser par la forme du « o » qui ressemble fort à un « a » ; de ce fait le mot devenait labréviation de « paternalis ».
Pour le reste, « avus », a bien sûr, le sens général de « aïeul », sens classique qui na jamais varié tout au cours de lhistoire du latin , pas même dans le latin ecclésiastique, et ici le fait que ce soit le grand-père paternel ne se déduit que par la comparaison des patronyme
-« puella » : si jai écrit quil valait mieux le traduire pas « célibataire » plutôt que par « fille », cest pour une raison assez simple.
Le terme « puella » a un double sens implicite (cela relève de lévidence , mais il vaut mieux cependant lexpliciter) ; il ne peut sappliquer qu à 2 conditions :
a) une personne de sexe féminin jeune (en principe moins de 17 ou 18 ans environ)
b) une personne non mariée ; cest cet aspect-là quil faut mettre ici en évidence.
Lorsque le curé écrit « puella », ce nest pas la jeunesse quil lui importe de signaler*, mais le fait quelle soit célibataire ; façon discrète de prévenir que par la suite il pourrait y avoir un risque daffinité spirituelle.
Cest pourquoi la traduction par « célibataire » est à mes yeux la seule conforme à lesprit dans lequel se trouve le curé lorsquil rédige lacte.
* pour ce qui est de lâge minimum pour être parrain/marraine, le Concile de Trente pas plus que le C.I.C. nindiquent strictement rien, mais les divers rituels diocésains stipulent presque toujours quil faut avoir été confirmé. Le mot « puella », de ce point de vue-là, napporte aucune information et on ne peut donc y trouver une justification de son emploi.
-Il faut bien lire « modo nostri» :
a) ce ne peut être « nostro » (comme vous lécrivez dans votre dernier message.), car cette forme est celle du masculin singulier ablatif , impossible ici puisque le ou les mot(s) auxquels il se rapporte est/sont au nominatif.
- si on laccorde avec la marraine (Anna Teresia) , alors il faut la forme « nostra », au nominatif féminin singulier ; et il ny a pas écrit « nostra »
- si on veut le faire accorder avec le seul parrain (chose en soi quasi-impossible pour une raison simple de règle dordre des mots en latin), alors il faut la forme « noster » nominatif masculin singulier. Et ce nest pas cette forme quon lit.
- Si on veut laccorder avec le parrain et la marraine, alors il faut « nostri » (forme du nominatif masculin pluriel), ce qui est le cas ici, même si le « i » paraît un peu bizarre.
A total, nostro et nostra sont strictement impossibles pour des raisons grammaticales simples ; « noster » ne peut être lu, et si par hypothèse tel était le cas on aurait malgré tout affaire à une difficulté; reste donc la seule lecture possible « nostri ».
Cest donc bien le parrain et la marraine qui sont « nos paroissiens ».
« modo » : un des mots latins dont les sens sont si nombreux et variés quil est parfois bien difficile de le traduire avec exactitude, sans compter que chaque «écrivain » ou rédacteur sest souvent constitué son lexique personnel en utilisant ce mot à sa sauce personnelle.
Une quasi-constante cependant ; lorsqu' on est dans un contexte de temps, ce mot indique une durée indéterminée proche de notre expression « un certain temps ». Cest pour cela que jai donné la traduction « depuis quelque temps nos paroissiens ». Simple manière dindiquer quils étaient connus depuis suffisamment de temps pour quon puisse être sûr quils étaient « bons chrétiens », condition nécessaire pour être parrain/marraine.
Jajoute cependant que, dans lexpression qui nous occupe, certains veulent revenir au sens étymologique « en quelque sorte/en quelque manière » ; en effet « modo » est un adverbe dérivé du « modus » qui signifie « façon/manière ». Pour ma part je ne vois pas lintérêt de ce sens ici.
Une dernière interprétation possible (tout à fait acceptable) : « modo » serait devenu un mot presque totalement désémantisé (et ne devrait pas même être traduit) ; il fonctionnerait un peu à la manière de « vero » ou « autem », ayant pour seule fonction dindiquer quon ajoute une information. Dans cette hypothèse il faudrait donc traduire simplement par "nos paroissiens"
A+
Christian