Metiers de la terre

[tiran]

Bonjour à tous,

Dans des documents du 18éme, début 19ème, il apparaît beaucoup de termes différents relatifs au travail de la terre.
Si le «journalier» ou «Manouvrier» est le simple employé agricole ; le «censier» est l’agriculteur locataire de la terre. On y retrouve le «laboureur», qui semble un notable au coté de l’humble « ménager». Quid du «cultivateur » ?
Ces termes désignaient-ils volontairement une condition sociale précise, existait-il une hierarchie ?

Merci de m’apporter vos lumières

Alain

[angeline]

Bonjour,

Mon sosa 64 est censier vers 1744 mais il déménage et change de commune et dès 1796 je vois apparaître le terme cultivateur qui se répéte souvent mais très souvent aussi associé à cabaretier, au moins pour mes ancêtres dans la région d'Estaires / Vieux Berquin.
Cultivateur au mariage, cabaretier à la naissance d'un enfant, cultivateur cabaretier à la naissance du suivant ou alors si le père est cultivateur la mère est cabaretière ....

Mais compte tenu du sens et de l'habitude que nous avons d'utiliser le terme cultivateur, j'avoue ne m'être jamais posé de question sur son sens à l'époque, désolé .
J'espère combler cette lacune peut être grâce à d'autres Généachtimistes ?

Désolé de ne pouvoir en dire plus.
Cordialement
Philippe

[† lecleiremichel]

Bonsoir à tous, oui il y a une hierarchie certaine dans les termes. Sauf erreur, le censier est le proriétaire de la terre, le cultivateur est celui qui l' a en "location" et l'exploite en payant un revenu (financier et/ou en nature) au censier. Quant au laboureur, c'est une "caste" bien définie car s'il n'a pas de terre à lui (bien que..) il possède les instruments et outils pour la travailler, ce que ne peut pas faire le cultivateur faute de moyens financiers. C'est donc comme maintenant "l'entrepreneur en travaux agricoles", il a le matos et loue ses services. Le laboureur est donc au sommet de la hierarchie agricole.
Pour ce qui est du cabaretier, qque soit la profession, c'était une façon, à l'époque d'accroitre les revenus du couple et comme monsieur était aux champs, c'est madame qui gérait l'affaire. Pour le journalier ou le manouvrier, par contre, c'est hélas le bas de l'échelle, l'ouvrier agricole, avec des contrats saisonniers, au bon vouloir du censier ou du laboureur.
J'espère avoir pu répondre à la demande de Philippe. A+ Michel

[djammes]

Dans la généalogie de ma famille de Saint-Omer (Verroust et apparentés), j'ai trouvé les métiers suivants :

Maresquier (je suppose qu'il s'agit de maraîcher)
Masquelier (peut-être boucher ?)
Maudelier (peut-être une confusion avec mandelier, qui semble être un vannier)

Si quelqu'un pouvait m'éclairer ?

Merci et bon succès dans vos recherches

Danièle

[djammes]

Ci-joint l'adresse d'un forum où la question a été débatue :

http://www.gennpdc.net/lesforums/lofive ... 11700.html

Cordialement

[tiran]

Merci à tous,
Cela devient plus clair.
J'ai aussi un ancetre, tour à tour cultivateur, manouvrier, ménager.

Alain

Ps : j'avais bien un cabaretier, mais j'avais pas fait la relation avec la terre.
J'ai cru qu'il était dans la limonade....

[angeline]

Bonsoir à tous,

Merci Michel, mais j'ai réexploré quelques actes de l'époque et sur un acte de naissance de 1800 j'ai le père qui est "cultivateur" (vu plus haut) et un témoin non parent qui est lui "fermier" puisque les deux termes sont sur le même acte il doit y avoir une subtile différence ! mais laquelle ?

Pour Alain :
Non non cabaretier à l'époque : vente de repas et de boisson (pas tout à fait limonadier mais plutôt style "Routier" au sens actuel si j'avais bien compris) ce qui constitue un revenu complémentaire pour la famille. Comme dit Michel, quand monsieur doit être à ses cultures madame fait fonctionner seule le cabaret.

Cordialement
Philippe
Philippe

[† lecleiremichel]

Pour Philippe, la subtilité entre cultivateur et fermier vient du lieu où ils résident, je crois. Le fermier habite la ferme, comme son nom l'indique tandis que le cultivateur lui non bien qu'il travaille les champs autour. J'explore mes sources, à confirmer. A+ Michel

[pdebreu]

Bonjour à tous

La subtilité entre cultivateur et fermier vient du lieu où ils résident, je crois.

Non je ne crois pas : le fermier devait être la personne qui exploitait en "fermage", "fermier" s'oppose ainsi à "propriétaire" et à "métayer" (si je ne me trompe pas la différence entre fermage et métayage est que dans un cas le prix de la "location" est fixe et convenu à l'avance, dans l'autre c'est un pourcentage de la récolte). Dans les actes d'avant 1800, on voit que la terre est souvent la propriété d'une seigneurie. Selon la terre l'exploitant a tantôt un bail révocable, tantôt un bail à vie, ou même parfois un bail cessible par héritage (c'est du moins ce que j'ai compris)

Je pense aussi qu'il n'y a pas UNE typologie unique pour les métiers de la terre mais plusieurs critères pour établir des distinctions :

- "métayer", "fermier" et "propriétaire" (et aussi rentier) font référence à la propriété de la terre, ou du moins des terres majoritairement exploitées (j'imagine que les terres relevaient pour certains agriculteurs de types différents)

- j'ai lu quelque part que le "brassier" louait la force de ses bras, le "manouvrier" ses mains, alors que le "laboureur" était embauché pour la saison des labours, ce qui nécessitait la possession d'un attelage et d'une charrue (d'où sa position de personne "riche" - par rapport à d'autres). La classification est distincte de la précédente, j'ai vu en effet des actes où il était question de "laboureur propriétaire"

- le "journalier" était celui qui n'avait d'embauche qu'à la journée (on pourrait aussi dire saisonnier) : ayant le statut le plus précaire il était donc au plus bas de la hiérarchie - je ne sais pas trop à quel terme on l'opposait, peut-être ouvrier ? (j'ai regardé dans une petite commune le recnsement de 1906 où était demandée la profession et le nom de l'employeur, il y a souvent des "ouvriers agricoles" indiquant un employeur précis et des "journaliers" annonçant des "employeurs divers")

- pour "cultivateur" je ne sais pas trop : peut-être s'agissait il de la culture de la terre, par opposition à la personne vivant de l'élevage

Voilà. A prendre avec réserve, je suis presque sûr que le sens de la classification a un peu évolué au cours du temps

Cordialement

Pierre

[JeanDuhayon]

Mon AGP Narcisse DUHAYON né à Wavrin en 1843 se marie en 1864 avec Adèle TOURNEMINE il est dans l'acte : "domestique à gages"
Lors de la naissance de ses 2 premiers enfants, Désiré et Fleuris, il est "journalier"
En 1874 né Désiré ( je suppose que le 1er est décédé ?) Narcisse est devenu "charretier"
En 1876 né mon GP Gustave, Narcisse est redevenu "journalier"
En 1910 mon GP se marie, Narcisse et son épouse Adèle sont cultivateurs à Ligny
En 1925 mon GP Gustave décéde à Ligny (gazé en 14/18) son père Narcisse vit toujours et est "sans profession". Il n'est ni rentier ni retraité et vit chez ses enfants.....c'était une autre époque !