Ce nest pas vraiment un conte de Noël que je vous propose, mais lexemple de procès de sorcière, qui figure dans le fond du chapitre Saint Piat de Seclin.
Les charges retenues contre Jeanne MARCHAND sont relativement ténues, mais son comportement général a renforcé la conviction des juges. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue par la suite, ni où elle a été.17 G 97: Baillis et échevins de Seclin
Procès de Jeanne MARCHAND, veuve DELEVALLEE, accusée de sorcellerie.
Du douzième novembre 1679 , pardevant Jean Bauduin DE POUCQUE, écuyer, Sr du Plouich, bailli, en présence de Jean DUGARDIN, Gaspard LOXEMAND, Léonard DETOURMIGNIES, Pierre LAGACHE, et Etienne BARON, échevins, adjoint Philippe Adrien DURIEZ, greffier de la ville et échevinage de Seclin
Nous avons fait venir de sa prison Jeanne MARCHAND, prisonnière, laquelle nous avons les interrogatoires suivants :
Interrogée si elle na pas, il y a trois ans et plus, fait mourir le pourceau de Simon DURIEZ
- Elle a répondu quelle a seulement dit une parole, savoir que rencontrant ce pourceau, elle a dit que si ce pourceau mourrait, on en demanderait à quelquun.
- A elle demandé si elle na pas fait aussi mourir les chevaux et vaches dAdrien DESMONS
- Elle a dit que non jamais.
- Nous lui avons demandé si elle était sorcière
- A dit que non.
- Nous lui avons représenté quelle ne disait pas le vrai attendu que le jour davant hier soir, étant sur la question, elle nous a confessé davoir fait mourir le susdit pourceau, même des chevaux et vaches à Adrien DESMONS et enfin quelle était sorcière.
- A dit que ces confessions ont été forcées et quelle les avait faites pour éviter dêtre ultérieurement gehenné et que si ce pourceau est venu à mourir, cest par cette seule parole, savoir quelle a dit , si ce pourceau mourrait, on en demanderait à quelquun
- Nous lui avons demandé pourquoi elle avait dit ces paroles au rencontre quelle fit de ce pourceau.
- Elle nous a répondu, cest à raison que la femme de Guillain DOYEN avait dit que sa feue mère avait été prise pour sorcière.
- Nous lui avons relu les interrogatoires et les réponses quelle a fait le dernier octobre dernier, soir, étant sur la question.
- Elle a persisté que ce quelle a confessé a été par la force de la gehenne, et que ces confessions ont été de cette façon extorqués delle.
Ce fait nous lavons renvoyé en sa prison.
Est à noter que durant aucuns de ces interrogatoires, elle a encore contrefait sa parole, faisant la possédée ayant néanmoins cessé de le faire au premier commandement quil lui en a été fait.
Ainsi fait pardevant les dénommés au préambule de cet acte, les jour et an que ci-dessus.
PS :
Du même jour, pardevant que dessus, les trois heures après midi,
Jean LEGRAIN, notre huissier, nous est venu dire que reconduisant ladite Jeanne MARCHAND, prisonnière de notre lieu plaidoyable en son cachot, et étant empêché à lui mettre la chaîne au pied, elle lui aurait dit quelle avait quelque chose à dire à messieurs du magistrat, sur quoi nous avons député pour aller dans son cachot Léonard de TOURMIGNIES et Etienne BARON échevins et Philippe Adrien DURIEZ, notre greffier, afin dentendre ce que voulait dire ladite prisonnière.
Suivant quoi, nous, Léonard DE TOURMIGNIES et Etienne BARON, échevins, et Philippe Adrien DURIEZ, greffier, nous sommes transportés au cachot dicelle prisonnière, où étant, lui demandâmes ce quelle avait à nous dire.
Sur quoi, elle nous a déclaré, faisant mime de pleurer, quelle avait fait mourir le pourceau de Simon DURIEZ, et quelle nétait sorcière que pour ce sujet, ajoutant quelle aimait mieux mourir et à confesser quà souffrir ultérieurement la Gehenne, et lui ayant réparti quon ne la menaçait pas de cela, elle aurait persisté dans laveu quelle venait de nous faire, mais toujours sous ce quelle avait avancé, quelle aimait mieux confesser quà souffrir encore la Gehenne.
Ainsi fait les jour et an que dessus.
Conclusion :
Vu le procès criminel conclu en droit dentre monsieur le bailli de cette ville, demandeur à cause doffice, dune part ; Jeanne MARCHAND, veuve de Nicolas DELEVALLEE, prisonnière , opposante et défenderesse dautre part ; [ ] déclarons ladite Jeanne MARCHAND véhémentement suspecte de sortilège, et pour ce sujet lavons banni et bannissons à tous jours et à toutes nuits de cette dite ville et échevinage de Seclin et châtellenie de Lille, sans y plus retourner à peine de la hart.
Les soussignés commissaire délégué de Monsieur le lieutenant de la gouvernance de cette ville de Lille et avocats consultés, ayant vus les pièces dudit procès, sont davis ainsi en devoir être ordonné, attendu quil en résulte bien une grande suspicion de sortilège mais point une preuve suffisante pour la condamner à mort et quils ont appris du greffier dudit Seclin et vu par exemple que le magistrat de Seclin a droit et pouvoir de bannir non seulement dicelle ville et échevinage, mais aussi de la châtellenie, advisé à Lille le cinquième novembre 1679.
Raphaël