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baptême "sous condition"

Posté : 20 mars 2012 17:48
par bdelesalle
Bonjour à toutes et à tous

Je voudrais savoir ce que signifie la mention "a été baptisé sous condition" dans un acte de baptême de 1780

Merci d'avance
Cordialement

Bernard

Re: baptême "sous condition"

Posté : 20 mars 2012 17:59
par dumontnicole
Bernard bonsoir
j'ai souvent rencontré ce terme dans des actes de naissance d'enfants trouvés ou abandonnés
le curé mettait sous condition car il ne savait pas si l'enfant concerné avait déjà été baptisé
nicole

Re: baptême "sous condition"

Posté : 20 mars 2012 18:35
par † graffit
Bonsoir,

Pas seulement pour les enfants trouvés.

Chaque fois que le prêtre n'était pas certain que le rite avait été bien respecté il baptisait sous la condition que cela n'avait pas déjà été fait,le bp ne pouvant être reçu 2 fois.
Si l'enfant en danger de mort était baptisé par la sage-femme ou le chirurgien,le prêtre les connaissant ne faisait que suppléer les cérémonies du Bp,si c'était une personne que le prêtre ne connaissait pas,il baptisait sous condition

=;

Re: baptême "sous condition"

Posté : 20 mars 2012 23:00
par VERDIER Ch.
Bonsoir à tous,

Voici un tour d' horizon rapide sur le sujet :

Baptême sous condition
:


Remarques préalables :

a) L’administration du sacrement le baptême par ablution consiste essentiellement en ceci : on verse de l’eau sur l’enfant (la tête en principe) en prononçant les paroles telles que définies par l’Eglise : « je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »
- cette formule peut être prononcée en n’importe quelle langue du moment que c’est une traduction exacte de la formule de référence, à savoir la formule latine « ego te baptizo in nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti »
- ce baptême réduit à sa plus simple expression s’appelle l’ondoiement.
- Seules des variations mineures sont autorisées . Par exemple, en français, on peut dire « Esprit Saint » au lieu de « Saint Esprit » ; « moi je te baptise » au lieu de « Je te baptise ». L’ordre Père/Fils/Saint-Esprit, ne peut être brouillé (il correspond à une « hiérarchie » de la Trinité )

Ce versement de l’eau avec ces paroles rituelles suffit à rendre le baptême plein et entier. L'ondoiement est le cœur de baptême

a) - Mais l’Eglise a souhaité donner à cette cérémonie du baptême une certaine solennité. C’est pourquoi :
-Pour cela elle a décidé que, sauf cas particulier comme « l’urgent péril de mort », le baptême devait avoir lieu à l’église, avec une cérémonie effectuée par le curé, plus développée que le simple ondoiement: cette cérémonie comporte des éléments qui viennent compléter l'ondoiement ( imposition des mains, Saint-Chrême, sel, prières etc. - voir sur Intenet le rituel complet du baptême)

En bref, l’ondoiement seul est un « vrai » baptême, mais l’Eglise ne l’accepte que dans des cas particuliers tels que le « péril de mort ». Hormis ces cas particuliers, le baptême doit être effectué dans sa forme complète, au baptistère de l’église, par le curé.


Lors de la naissance de l’enfant
:

A) –tout se passe bien et l’enfant paraît robuste. On se rend dès que possible à l’église pour le baptême (cérémonie complète) .


B) – l’accouchement se passe mal, l’enfant ne semble pas devoir vivre très longtemps. Il n’est donc pas question de l’amener à l’église ; il faut baptiser tout de suite.

a)- on procède au plus vite (parfois dans l’affolement général !) à l’ondoiement. Généralement c’est la sage-femme qui l’ effectue, à défaut une femme présente, rarement un homme.
Les hommes, essentiellement pour des raison de pudeur (telle qu’on la concevait à l’époque)
n’étaient pas admis dans la chambre lors de l’accouchement.

b)-si un tel baptême en urgence a été effectué, et si l’enfant survit jusqu’à l’arrivée du curé qu’on est allé chercher en toute hâte, ce dernier a pour obligation de s’assurer que l’ondoiement a été correctement effectué et qu’il est parfaitement valide. Pour cela il interroge celui/celle qui a baptisé et tous les témoins présents, dans le but de déterminer si cet ondoiement/ baptême est valide ou non.

Après cet interrogatoire, 3 cas de figures possibles :

1) Le curé estime que l’ondoiement a été correctement effectué, et alors aussitôt que possible on transporte l’enfant à l’église où il reçoit, outre son nom, les compléments de cérémonie (imposition des mains, Saint-Chrême, etc.), mais on ne refait pas l’ondoiement.

2) Le curé a la certitude que ce baptême a été incorrectement effectué ; il n’y a donc pas eu baptême, et en conséquence il baptise l’enfant selon la forme prescrite (ondoiement sur place s’il y a encore urgence, ou à l’église avec cérémonie complète, si l’urgence s’est relâchée)

3) Cas où le curé n’arrive pas à savoir si l’ondoiement a été correctement ou non effectué.
Comme on ne peut être baptisé 2 fois, l’église a trouvé une solution simple qui permet de résoudre la difficulté : le baptême sous condition. Cela consiste en la formule suivante « si non es baptizatus, ego te baptizo in nomine etc.. » ( Si tu n’es pas baptisé , je te baptise au nom du Père etc..). Comme la formule contient une condition, ce baptême a reçu le nom de « baptême sous condition », ou « baptême conditionnel ».

Rem 1 : pour être valide, un ondoiement doit être effectué avec de l’eau pure et non souillée et avec les paroles telles que déterminées par l’Eglise.
Le doute peut donc porter :
-sur l’eau utilisée : était-ce bien une eau pure et non une eau par mégarde mélangée à de l’alcool ou tout autre produit? N’était-ce pas une eau venue d’une bassine qui se trouvait dans la cuisine et qui avait déjà servi à un usage domestique quelconque ? Etc. Dans l’affolement et la précipitation qui en résulte, on a pu prendre sans le vouloir une eau non convenable.
En outre, l’eau a-t-elle bien touché le corps de l’enfant ? Ne l’a-telle pas simplement effleuré ? Il y avait des cas où il était difficile de répondre à ces question dans la mesure où l’ondoiement était effectué pendant que la sage-femme-femme s’évertuait à extraire l’enfant du ventre de la mère. On tentait même parfois d’ondoyer l’enfant « in utero »(on utilisait pour cela une sorte de pipette )
- sur l'exactitude des paroles : celui qui a baptisé a-t-il exactement prononcé la bonne formule, sans ajout, sans omission, sans déformation ?

Rem 2 : c’est cette même formule du baptême conditionnel qu’on utilisait pour le baptême d’enfants trouvés dont on ignorait s’ils avaient ou non été déjà baptisés.



Autre cas de baptême conditionnel:

Lors d’un accouchement qui ne se passe pas bien, il n’est pas toujours facile de savoir si l’enfant est vivant ou mort au sortir du ventre de la mère.
Or il est interdit de baptisé un mort !
Dans ce cas l’Eglise utilisait une formule spécifique : « si tu es capax*, ego te baptizo etc. » = si tu es capable*, je te baptise au nom du Père etc..
* capax= capable = en possession de la capacité de…

La première condition pour être « en capacité de » recevoir le baptême, c’est d’être vivant.
Ce baptême sous condition peut être pratiqué par n’importe qui.

Rem : la formule « si tu es capable… » peut s’utiliser dans tous les cas, puisque pour être en capacité de recevoir le baptême , il faut à la fois être vivant et ne pas être déjà baptisé.
Autre solution , la formule « si tu es capax et si non es baptisatus » (si tu es capable et si tu n’a pas été baptisé ». Cette formule couvre tous les cas possibles

-------------- --
A titre d’information supplémentaire :

L’église reconnaissait, à côté du baptême d'eau , 2 autres types très particuliers de baptême, et ce en raison de la situation des Chrétiens dans les premiers temps du Christianisme :
-le baptême de sang.
-Le baptême de désir .


Pour en savoir plus, entrer ces expressions sous Google – « baptême de sang », » baptême de désir », « si tus es capax » , « si non es baptisatus/baptizatus ».
Nombreux documents (choisir de préférence, parce que les infos y sont plus sûres, ceux qui viennent de l’Eglise Catholique.)


Christian

Re: baptême "sous condition"

Posté : 21 mars 2012 08:48
par bdelesalle
Bonjour et merci à tous,
En particulier à Christian pour son érudition et le temps qu'il m'a consacré.
De plus, la lecture en est passionnante, je me suis retrouvé vivant la situation, quelques centaines d'années plus tôt ...

En tous cas, le bébé a survécu, la preuve ... !

Bonne journée et encore merci
Cordialement

Bernard

Re: baptême "sous condition"

Posté : 02 mars 2014 12:36
par Marie-Odile59
un grand merci pour tous ces renseignements...... du coup j'en ai profité pour m'inscrire....

Re: baptême "sous condition"

Posté : 02 mars 2014 15:27
par leonrobin
Bonjour à ter tous,

Pour donner l'éclairage canonique "officiel" à cette discussion, j'ai sorti de ma bibliothèque le "Rituel du diocèse de Boulogne" publié par l'autorité de Monseigneur François-Joseph Partz de Pressy, évêque de Boulogne (imprimé à Boulogne en 1750 chez Pierre Batut, imprimeur de Monseigneur l'Evêque) pour en faire une copie de la partie consacrée au baptême et aux sages-femmes.

L'extrait est téléchargeable en cliquant sur ce lien

Re: baptême "sous condition"

Posté : 02 mars 2014 18:26
par MariedeBlyau
Merci Christian pour cette remarquable synthèse.
Merci Léon d'avoir ouvert votre bibliothèque et permis de télécharger ces quelques pages.
Je suis vraiment touchée, car il y a plus de 250 ans mes aïeules successives étaient sage-femmes et baptisaient en urgence à tour de bras. La première venait de la région du Danube et avait sans doute appris le métier "en famille" (des officiers de santé/"Chirurgi" qui ont quadrillé l'Europe avec les troupes, femmes et enfants dans les bagages) pour se sédentariser et terminer leur périple ici.
Bonne fin de week-end.
Amicalement.
Marie

Re: baptême "sous condition"

Posté : 24 oct. 2024 21:02
par Clairefnds
Bonjour Bernard,

La mention "baptisé sous condition" dans un acte de baptême signifie que le baptême a été célébré avec une réserve ou une précaution particulière. Cela arrivait lorsqu'il existait un doute sur le fait que la personne ait déjà été baptisée auparavant, ou que le premier baptême n’ait pas été administré correctement (par exemple, si la forme ou l'intention du rite n'étaient pas valides selon l'Église).

Dans ces cas, pour éviter de rebaptiser (car dans la foi catholique, un baptême valide ne peut être répété), un prêtre procédait à un "baptême sous condition". Il utilisait une formule conditionnelle, comme : "Si tu n'as pas été baptisé, je te baptise au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit". Cela garantissait que, si le premier baptême était valide, celui-ci ne comptait pas comme un second baptême.

Ce genre de pratique était courant, surtout dans les périodes où les registres étaient moins bien tenus, ou dans des situations d'urgence où un baptême rapide avait pu être administré de manière incertaine.

N'hésite pas à consulter des archives paroissiales ou diocésaines si tu veux approfondir la question pour ton cas spécifique. ;)